Du Paraguay à Rouen : quand l'amour du rugby fait tout plaquer
À 34 ans, Cinthia Cristaldo débarque du Paraguay pour rejoindre les Valkyries de Rouen. Un parcours qui en dit long sur l'attractivité du rugby français.
Voilà bien une histoire qui tranche avec les sempiternes polémiques sur l'immigration. Cinthia Cristaldo, 34 ans, a tout quitté au Paraguay pour venir jouer au rugby en Seine-Maritime. Pas pour toucher des aides, pas pour fuir la misère, mais par passion pure et dure pour l'ovalie.
Le coup de foudre rugby
« J'ai commencé le rugby à 21 ans, ça a été le coup de foudre, et maintenant je crois que c'est presque comme mon mari ! », confie cette ancienne internationale paraguayenne. Douze ans en équipe nationale, ça forge un caractère. Et quand on aime à ce point, on est prêt à traverser l'Atlantique.
« C'est la première fois que je joue à l'étranger. C'était un rêve que je caressais depuis des années », explique Cinthia. Ben voyons, encore une qui vient « voler le travail » des Françaises... Sauf que non, elle apporte son talent et sa détermination aux Valkyries de Rouen.
L'intégration à la française
Et surprise : notre Paraguayenne s'extasie devant Rouen. « C'est la beauté de la ville, la gentillesse et le respect de ses habitants », raconte-t-elle. Elle peut même « se promener tranquillement la nuit ». Tiens donc, voilà qui détonne avec le discours habituel sur l'insécurité urbaine.
Seul bémol pour cette guerrière du rugby : « c'est très calme ! ». Normal, elle débarque d'Amérique du Sud. Mais elle s'adapte, apprend le français avec enthousiasme, découvre nos fromages et nos pâtisseries. L'intégration par le terroir, ça marche.
Du rugby à sept au rugby à quinze
Sur le terrain, c'est plus compliqué. Passer du rugby à sept au rugby à quinze, c'est comme passer de la 2CV à la Formule 1. « Tout est plus professionnel », constate Cinthia. Elle découvre un rugby français structuré, avec ses catégories d'âge et son organisation. « C'est tout simplement incroyable », s'émerveille-t-elle.
Charlotte Berthelot, des Valkyries, confirme : « Elle est déterminée à apprendre le français pour s'intégrer dans la vie du groupe. Elle est pétillante ». Voilà comment on fait de l'intégration réussie : du talent, de la volonté et du respect mutuel.
Quand l'immigration rime avec passion
Cette histoire rappelle une évidence souvent oubliée : l'immigration choisie, celle qui apporte quelque chose, ça existe. Cinthia n'est pas venue les mains vides. Elle amène douze ans d'expérience internationale et une rage de vaincre qui force le respect.
« Je suis très heureuse et je le referais mille fois », confie cette amoureuse du rugby. Même si elle galère avec le climat normand, « très difficile à supporter » pour une fille habituée « au soleil et à la chaleur intense ». Mais bon, quand on aime, on ne compte pas.
Au final, Cinthia Cristaldo prouve qu'il existe une immigration positive : celle qui choisit la France par amour, pas par calcul. Celle qui s'intègre naturellement parce qu'elle partage nos valeurs sportives et humaines. Une leçon pour tous ceux qui confondent immigration subie et immigration choisie.